Victime – Bourreau -Sauveur

Le Triangle de Karpman ou Triangle Dramatique et Infernal

Stephen KARPMAN est un psychologue américain qui fut élève de Éric Berne. A la fin des années 60, Il étudie une Figure en Analyse Transactionnelle et met en évidence une dynamique et un scénario relationnel qui fût appelée ultérieurement Triangle de Karpman.

Pour cela, il a décrit 3 grands rôles qui sont les protagonistes de cette pièce de vie :

La Victime

Le Bourreau

Le Sauveur

Contrairement à ce que l’on pense souvent, les rôles ne sont pas figés et il arrive que les protagonistes interprètent tour à tour les 3 rôles avec les mêmes personnes et dans la même journée. Ce sont des rôles que l’on joue, parfois ce sont des personnes précises ou désignées.

Ce triangle s’avère néfaste et destructeur et il est important de prendre conscience de sa dynamique et d’en sortir.


Du point de vue Psychologique :



Le rôle de la Victime :


La Victime est en haut du triangle. Bien qu’elle soit “victime” et donc subit le rôle des deux autres personnages, c’est elle qui mène le jeu. En effet, sans elle le Sauveur et le Persécuteur n’ont aucune raison d’exister. La victime est donc le maître du Jeu.


Il faut savoir que tout le monde à un moment ou à un autre de sa vie joue à ce Jeu Psychologique, de manière inconsciente. Les rôles par contre, ne sont pas figés, et nous passons très facilement de la Victime au Persécuteur ou au Sauveur.

Cela dit, dans ce Jeu aucun des trois acteurs n’a envie que la situation ne change. Car chacun est satisfait de son rôle et en retire un intérêt personnel, créant ainsi un certain équilibre.

Il arrive qu’une bonne partie de notre Système Familial fonctionne ainsi. C’est une transmission relationnelle comme une autre.

Donc la Victime ne veut pas sortir de son rôle de victime, le Sauveur ne cherche pas vraiment à aider la victime, et le Persécuteur ne cherche pas non plus à enfoncer la victime. Ils interprètent tous un rôle, comme dans une pièce de théâtre.


On peut bien entendu se demander quel bénéfice la Victime tire du fait d’être persécutée : en voici quelques un :

La Victime attire l’attention sur elle, et en particulier l’attention du Sauveur. Pour des personnes ayant des problèmes de manque affectif, c’est donc la situation idéale pour recevoir de l’attention, de la compassion, de la protection. De plus, elle ne connaît pas ses propres besoins, ni comment y subvenir, elle espère donc que quelqu’un d’autre s’en chargera (Le Sauveur).

La Victime peut se plaindre et comme elle est la Victime, elle se sent dans son droit pour se plaindre. Cela lui fait du bien d’extérioriser ses plaintes et demande que l’on reconnaisse ses problèmes.
Par contre, la Victime ne veut pas reconnaître ses responsabilités, et n’a pas envie de faire l’effort de changer. Comme elle est la Victime, tout le mal est le fait du Persécuteur, et bien sûr cela lui donne l’image d’une personne irréprochable.

Tout cela fait que la Victime n’a pas vraiment envie que la situation change, elle se sent à l’aise dans son rôle. D’ailleurs si la situation s’arrangeait, elle n’aurait plus l’attention dont elle bénéficie, plus d’excuses pour justifier ses problèmes, et ne pourrait plus cacher sa paresse d’assumer ses responsabilités et ses besoins. Parfois, elle est terrorisée par la peur d’être seule si elle irait mieux.

Par conséquent, elle appelle quelqu’un d’autre à être son Persécuteur. Si personne ne veut jouer le rôle du Persécuteur, la Victime l’inventera (ce sera alors les corvées, les factures, etc.).


Le rôle du Sauveur :



L’intérêt du Sauveur est bien plus évident, car devenir Sauveur c’est tenir un rôle plutôt gratifiant. Il permet d’avoir une bonne image de Soi, et aussi une bonne image auprès des autres. Mais ce n’est pas tout, car cela lui apporte de la satisfaction que quelqu’un lui fasse confiance et il se réjouit d’avoir quelqu’un dépendant de lui, et donc d’avoir du contrôle sur lui, du pouvoir.

Et c’est là tout le problème, le Sauveur place la Victime en incapacité : pour lui, la Victime ne pourrait pas s’en sortir sans sa présence.

Le Sauveur est bien souvent une ancienne Victime d’un autre Jeu qui ressent du mal-être en voyant la même situation se produire chez autrui, ce qui le pousse à agir même quand on ne lui a rien demandé. En réalité, il s’occupe des besoins des autres pour oublier ses propres besoins insatisfaits.


Le Sauveur n’a de ce fait pas plus d’intérêt à ce que la situation s’arrange, car tout comme la Victime, si le problème prend fin, il n’a plus de raison d’exister et la personne qui jouerait ce rôle perdrait ainsi tous ses avantages.

Il est à différencier des “sauveteurs” : pompiers, secouristes… qui eux passent à l’action et corrigent la situation en ne faisant pas semblant d’essayer comme le fait le Sauveur.

Enfin, pour que le Sauveur puisse perdurer, il a besoin d’une Victime mais aussi d’un Persécuteur pour justifier son existence.



Le rôle du Persécuteur ou Bourreau :



Le Persécuteur (ou aussi appelé Bourreau), tire son intérêt en libérant ses pulsions agressives sur quelqu’un d’autre, la Victime. Il le fait souvent pour obtenir quelque chose en retour, c’est-à-dire s’imposer sur la Victime de manière violente et à son propre bénéfice.

C’est d’ailleurs souvent un Sauveur déçu ou bien encore une Victime qui a décidé de se protéger et se venger. Le Persécuteur n’a conscience que de ses propres besoins et nie ceux des autres.

Il établit les règles, décide, dirige et corrige à la moindre erreur. Il ne pardonne pas le plus petit écart et n’hésite pas alors à tenir des propos dévalorisants, voire humiliants, à faire des critiques destructrices, à mettre son interlocuteur en position d’infériorité, à faire culpabiliser.

Cela dit, ce n’est qu’un rôle et en vérité il cache une personne pétrifiée de peur face aux relations, souvent un petit enfant à l’intérieur de lui. Il a donc besoin d’une victime pour se sentir capable et fort.


D’ailleurs, contrairement aux deux autres rôles, le Persécuteur n’est pas toujours une personne. Cela peut aussi être une maladie, un handicap, une addiction, etc.

Le Persécuteur, tout comme les autres protagonistes, ne reste pas toujours un Persécuteur. Les rôles peuvent bouger lorsque la situation qui devient intenable pour l’un des protagonistes, lui fait alors changer de rôle et change par là-même celui des autres.


Se sortir du Triangle de Karpman :


Les rôles joués dans un tel triangle sont destructeurs et conduisent à nous enfermer dans une spirale infernale qui ne nous rendra pas heureux, malgré les quelques bénéfices dont nous croyons pouvoir tirer, d’autant plus que tout cela conduit à une fausse perception de la réalité.

Le trait commun aux 3 rôles est une méconnaissance de soi et de ses besoins pour des tas de raisons.

Ainsi, si vous pensez jouer un rôle dans un triangle de Karpman, vous devriez songer à en sortir.

Pour commencer, il faut déjà prendre conscience du rôle que l’on joue et celui des autres personnes autour de nous et ensuite mettre en place une aide qui permettra de sortir du Jeu car « Le Jeu s’arrête lorsqu’une personne décide d’arrêter d’y jouer »

Du point de vue Systémique :

Comme je le disais plus haut, ce Triangle se met déjà en place depuis des générations et c’est une transmission de comportement comme une autre.

J’ai remarqué lors de différentes constellations que par Ex la Victime peut être à une mauvaise place dans son Système Familial et va se placer en Sauveur d’un de ses ancêtres ou plus près, d’un de ses parents. De ce fait, toute son énergie est tournée vers le Passé et l’Autre et il n’y a pas l’information de ses besoins propres.

Cela part d’une bonne intention mais cela ne fonctionne pas car nous ne pouvons pas porter ni prendre en charge les traumatismes des autres. C‘est une des sources du Sauveur qui ne voit que le trauma de la Victime et veut porter ou sauver.

Pourtant, nous le faisons tous à un moment ou à un autre car les anciens enfants que nous sommes avaient besoin que la « maison reste debout ».

Néanmoins, prendre conscience ne suffit pas et il est important de travailler le problème avec une Constellation.

l’Origine de tout cela peut être rajoutée symboliquement sans connaître les détails pour reconnaître les traumatismes et souffrances qui ont été niés ou occultés et pour apaiser tous les représentants de la Constellation.

La loyauté invisible est une prise de conscience capitale. C’est elle qui, en ne voulant ou ne pouvant pas évoluer conduit à une continuité de cette dynamique jusqu’à parfois de la psychorigidité ou du sacrifice

Tout ceci baigne dans une ambiance ou personne n’est à sa place, dans une atmosphère de confusion ou l’on confond souvent les générations, les rôles et les destins.

Sortir de ce Triangle et aussi une façon de lâcher une forme de toute puissance infantile et de réfléchir et d’intégrer le sens du mot responsabilité. Rendre à chacun sa part et sa vie est Essentiel.

En reconnaissant les différentes raisons et origines de ce Triangle, nous pouvons faire évoluer nos vies ainsi que celles de nos ancêtres.